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Mardi 1 aoUt 2017 : MUSIC OF MANY COLORS, TRIBUTE TO FELA KUTI
Théâtre de la Mer 34200 Sète | 21h
Les liens culturels que l’histoire a tissés entre l’Afrique et l’Amérique irriguent des pans monumentaux de la musique qui nous occupe. Ils sont innombrables, variés, multicolores, à l’image des enjeux et des fantasmes qu’y projettent les artistes d’un bord à l’autre de l’Atlantique. Quête d’hérédité, reconnaissance mutuelle, connections hors du temps, luttes communes : tous les prétextes sont bons pour faire circuler la sève des racines aux branches et inversement. S’il nous paraît aujourd’hui naturel d’entendre dialoguer le n’goni de Bassékou Kouyaté et la guitare de Taj Mahal, la voix de Fatoumata Diawara et le piano de Roberto Fonseca, la kora de Toumani Diabaté et le très d’Elides Ochoa, il fut un temps pas si reculé où ces rencontres transatlantiques n’allaient pas forcément de soi, et lorsqu’elles advenaient, elles prenaient immédiatement valeur de manifeste. C’est bien sûr le cas de Music of Many Colors, que Fela et Roy Ayers ont gravé ensemble en 1980 au coeur de la "république" de Kalakuta, enclave libertaire et haut lieu de contestation du Black President à Lagos.
Tandis que l’on commémore, presque jour pour jour, le vingtième anniversaire de la disparition du roi de l’afrobeat, la rencontre de son fils Seun avec Roy Ayers nous offre l’occasion inespérée d’entendre les deux longues plages de cet album mythique jouées sur scène, comme un bonus (sans prix) à leurs prestations respectives. Soirée exceptionnelle, vous en conviendrez...
ROY AYERS
Etats-Unis
Voilà une musique qui plus que nulle autre parle à tout le corps ; qui fait lever le poing et onduler le bassin, sans qu’il soit question de débrancher le cerveau. Rien d’étonnant à ce que Roy Ayers ait jadis joint sa ferveur militante et son génie musical à ceux de Fela, pour un album devenu culte qu’il revisitera à l’occasion de cette réunion exceptionnelle avec Seun Kuti. Arrangeur, producteur, vibraphoniste virtuose, chanteur à la sensualité débridée, trait d’union entre le jazz et la soul, artisan d’un groove richement orchestré, Ayers est avant tout un passeur, nourri de quantité de courants, et qui a su à son tour leur imprimer sa marque unique.
SEUN KUTI & EGYPT 80
Nigéria
Selon un proverbe yoruba, le fils du tigre reste un tigre. La grâce sauvage de Seun Anikulapo Kuti en est une éblouissante illustration. L’afrobeat, ce groove urbain, fiévreux, sensuel, conçu par Fela comme un coup de griffe à la face des puissants, demeure, entre les mains de son fils, une arme chargée de futur. La danse qu’appelle cette musique reste un nécessaire contre-pouvoir, une proclamation de la liberté inaliénable du corps. Roy Ayers l’avait compris en s’associant à Fela le temps d’un album devenu mythique. On imagine sa joie de réitérer cet acte d’engagement sans équivoque aux côtés du valeureux héritier qui à l’époque, n’avait pas encore vu le jour.