EDITO
Quel casse-tête que de justifier notre désir toujours recommencé de fête – comme on se sent presque obligés de le faire quand bien même personne ne l’exige – tandis que d’une année sur l’autre, l’air nous semble encore un peu plus vicié...
Nous rêvons d’un monde où l’on se respecte au lieu de se craindre, où l’on s’écoute au lieu de se menacer, où l’on bâtit des abris plutôt que de hautes clôtures et des data centers, où l’on sanctuarise le vivant plutôt que de creuser à l’infini, où l’on ouvre les bras à nos semblables plutôt que d’agiter le spectre fallacieux de la submersion, où l’on garde la main sur le cœur plutôt que de la raidir en un geste obscène vers les trains de satellites et les immondices de l’histoire.
Ni naïveté, ni aveuglement, ni inconséquence dans notre penchant pour l’espoir et les possibilités de la joie. Mais plutôt la conviction que l’ouverture au monde et à sa riche diversité conditionne l’émergence d’un sentiment vital : celui d’appartenir à une seule et même humanité. Laquelle, même dans les temps les plus troublés, n’a jamais renoncé à ces bouées de sauvetage que sont la poésie, la musique, la danse.
L’aveuglement serait plutôt de réduire la culture à un simple divertissement doté d’un vague potentiel économique, en occultant les enjeux d’émancipation, d’éducation populaire, de cohésion sociale et de dialogue intercommunautaire qu’elle draine. C’est notre credo depuis maintenant vingt-huit ans.
Aussi, mélangeons-nous, échangeons, faisons toute confiance aux sagesses anciennes, aux inventions futures, aux voix d’ailleurs, aux sonorités inouïes, dès lors qu’elles réaffirment ces impératifs que sont la bienveillance mutuelle et le partage inconditionnel de l’émotion.
Vous le voyez, c’est donc avec une certaine constance mais aussi avec un indéfectible enthousiasme que nous abordons cette 28ème édition de Fiest’A Sète, à découvrir du 19 juillet au 3 août 2025.
Elle sera à n’en pas douter flamboyante et généreuse comme savent l’être Salif Keita ou Roberto Fonseca, engagée et remuante avec Dee Dee Bridgewater et La Dame Blanche, délicate et hors du temps par la grâce du duo Brotto-Cissoko ou de Sophye Soliveau, dépaysante et effervescente à l’instar des propositions d’Altin Gün et de La Yegros, moite et envoûtante sous les auspices de Seun Kuti & Egypt 80 et K.O.G, caracolante et survoltée dans les pas et les riffs d’Etran de l’Aïr et Chico Trujillo.
Si les appariements arbitraires ici mentionnés ne sont pas forcément représentatifs des doubles affiches que nous vous avons soigneusement concoctées pour chacune des six soirées thématiques au Théâtre de la Mer, ils balayent néanmoins une grande diversité de propositions artistiques, un large spectre d’expressions, d’inventions et de traditions chatouilleuses de curiosité.
Comme chaque année, la fête commence avec une semaine d’événements gratuits à Poussan et dans différents lieux sétois (la Ola, le Dancing, les jardins de la médiathèque) avant de culminer entre les vieilles pierres du théâtre, face à la mer.
Comme chaque année, les centaines de sourires radieux qui éclairent chaque soir les gradins du fortin seront notre plus belle récompense, le signe d’une confiance qui nous honore et nous oblige à une exigence infaillible. Alors, laissez le désir et l’intuition vous guider, tentez le pari d’une découverte imprévue, car l’inconnu est souvent le terreau où s’enracinent les plus vibrantes émotions, bien des festivaliers en témoigneront.
Et même si le sens du vent n’est pas toujours celui qu’on espérait, même s’il il faut parfois lui résister, les pieds solidement ancrés au sol - sans toutefois hésiter à les lever en cadence quand l’exige la transe -, rejoignez-nous, lâchez la bride à l’émerveillement, au frisson, et venez donc avaler avec nous de gargantuesques goulées de plaisir.
Vous ne le regretterez pas !
L'équipe du festival Fiest'A Sète